Pour peindre sur cette jolie façade au milieu de la route, j'ai souhaité m'inspirer des contes de Gascogne. Un en particulier a retenu mon attention, celui de la Belle Aude, la Sorcière et le Diable.
Il y a longtemps vivait en Gascogne un seigneur prénommé Simon, tourmenté par un mal inconnu. Un jour, une jeune fille du nom de Aude, vint le voir et lui avoua qu'elle avait compris qu'il avait vendu son âme au diable. Stupéfait de cet aveu, il lui confirma que lors d'une partie de chasse survenue deux ans auparavant, il avait accidentellement blessé à mort son chien préféré. Fou de rage et de douleur, il aurait hurlé qu'il préférerait vendre son âme plutôt que de perdre son chien favori. Le Diable, qui avait entendu ces paroles, sauva le chien. Mais l'âme de Simon était à lui désormais, et était devenu la victime d'une sorcière qui se jouait de lui. Aude décida donc d'aller sauver l'âme de Simon, par amour pour lui. Après avoir trouvé la sorcière, elle lui demanda d'appeler le Diable. Elle lui proposa d'échanger son âme contre celle de son bien aimé. Satan accepta et demanda à ce que ce pacte soit scellé par écrit. Il lui dicta ce qu'elle devait écrire en lettres de feu : "Moi, Aude, fille de Thibaud, cède à celui qui peut l'acheter, mon âme en échange de l'âme du Seigneur Simon". Elle s'exécuta, signa et demanda à Satan d'en faire de même. Celui-ci, pressé d'en finir, relut le parchemin à la va vite et signa à son tour. Mais la maligne Aude avait changé le texte et au lieu d'écrire "âme" avait écrit "âne". Le Diable était furieux d'avoir été dupé de la sorte mais trop tard, le pacte était scellé. De retour au village, Aude retrouva Simon qui avait retrouvé sa joie de vivre et ils se marièrent. On raconte que jamais le Diable n'osa venir réclamer son âne tant il se sentait ridicule, et on n'entendit plus parler de lui dans le pays.
Pour aller plus loin, j'ai fait le choix de représenter Satan et la Sorcière dans un même être, le bouc à la langue fourchue et à la queue de diable. La Belle Aude se trouve au centre, et le fait d'avoir un personnage féminin fort et rusé change des demoiselles en détresse habituelles. Elle a des cheveux bruns tressés, comme dans le récit. Elle tient le parchemin du pacte, et de l'autre main fait le signe des Cornes (qui peut signifier dans ce cas de figure les enfers, mais aussi de conjurer un sort, repousser le mauvais oeil, ou dans l'univers du rock, de la fierté, de la joie). L'âne du conte, dénouement de l'intrigue, est également mis en avant. La corde qu'il porte autour du cou est rompue, signe qu'il reste libre puisque le Diable ne l'a jamais cherché. Enfin, quoi de mieux que de représenter un Bleu de Gascogne pour faire honneur au chien du Seigneur Simon ?