Triennale art public La rue Saint-Martin-en-Île est étroite, grise, pas très fréquentée et pas franchement engageante, ni d’ailleurs toujours propre. Blancbec a su tenir compte de ces qualités peu aimables. On comprend aisément la réponse que constitue sa palette de tons vifs à l’atmosphère terne du lieu : « Mon intention est de réinventer le passage dans la rue. La transition du gris à la couleur est comme le cheminement vers un autre monde, vers l’île de Saint-Martin dans la mer des Caraïbes où on peut découvrir, après une épopée fantastique, un trésor de pirates. » L’artiste a aussi intégré l’exiguïté du passage. Plutôt qu’une image monumentale difficile à appréhender faute de recul, il déroule une composition narrative dont l’histoire est séquencée en tableaux dimensionnés pour être lus depuis la rue. Il ne s’agit pourtant pas d’une œuvre de circonstance. Blancbec reste fidèle à la gamme chromatique et à l’écriture géométrique qui caractérisent l’ensemble de son travail.