Jan is de Man s’est spécialisé dans la représentation de bibliothèques monumentales qu’il peint en trompe-l’oeil sur les façades de grandes villes. L’emplacement choisi pour cette fresque est symbolique, car elle occupe un pignon à proximité de la Place de Nimy sur l’axe d’une des principales entrées de Mons. La Bibliothèque de Nimy, ainsi dénommée, est impressionnante autant par le style et l’ampleur de la fresque qui prend possession de la totalité de la surface du mur, que par les richesses qu’elle dévoile. En effet, l’intérêt ici ne réside peut-être pas tant dans la prouesse technique que dans l’iconographie que l’artiste prend le soin de détailler à chaque étage de la fresque. Rien n’est dû au hasard ! La bibliothèque est l’espace le plus intime et le plus précieux que nous puissions avoir chez soi ; elle renferme des trésors cachés, bien souvent oubliés, enfouis dans nos mémoires. Elle conserve aussi une connaissance accumulée ainsi que des histoires lues et transmises de père en fils… Par contre, les bibliothèques publiques, tout comme les musées, conservent en leur sain une histoire commune. Cette mémoire collective de Nimy est le sujet premier de cette fresque. Ce trompe-l’oeil à l’échelle urbaine, côté rue, remet au goût du jour une histoire aussi intime que oubliée ; elle appartient aux familles de cette bourgade au pied de Mons. L’histoire de Nimy est ingrate à plus d’un titre, car souvent trop assimilée à celle de Mons. Pour cause leurs histoires se croisent et s’entremêlent souvent : celle des remparts, du chapitre de Sainte-Waudru, du passage de la Haine, de l’industrialisation ou encore celles des grandes batailles. Le village de Nimy est situé sur la route de Bruxelles à quelques centaines de mètres de l’une des grandes entrées dans la Cité du Doudou. La proximité de Nimy et de Mons est telle que le bâti immobilier est continu entre les deux communes. Cette situation géographique fera que Nimy deviendra un axe autoroutier très important, qui coupera le village en deux. Pourtant, cette petite bourgade a eu ses heures de gloire. Ce village, aujourd’hui essentiellement résidentiel, était un haut lieu de la vie industrielle régionale : fabriques de fer, aciéries, faïenceries et... fabriques de pipes en terre, véritable spécialité locale qui porta loin les noms de Nihoul et Scouflaire, héros de l’artisanat nimysien. Tout commence avec la création d’une usine de faïencerie qui s’installe à Nimy vers 1789, à proximité de la Haine et des ses moulins. Nos régions sont alors sous la domination des Pays-Bas autrichiens. Durant cette période, la faïencerie de Nimy obtient même de Joseph II le titre prestigieux de « Fabrique Impériale et Royale». En 1810, la manufacture emploie près 250 ouvriers, elle restera active jusqu’en 1950 et les bâtiments sont démolis 4 ans plus tard. Durant toute la durée de ses activités, près de deux siècles, l’établissement employait des ouvriers dont la plupart appartenaient à de vieilles familles de faïenciers, car à Nimy, on l’était de père en fils. Outre les articles de ménage, la faïencerie fabriquait des flambeaux ornés de figures, des groupes en biscuit «Belgique et Champêtre», tels qu’on peut en voir dans ce trompe-l’oeil. Dans ce registre, n’oublions pas les pipes à têtes de femmes, de vieillards ou parfois même aux sujets érotiques. Une véritable économie locale se développe autour de cette thématique empreint d’une particularité artistique dans la décoration des «têtes de pipes» qui a animé la Cité de Nimy jusqu’au début du siècle passé; ces objets absolument uniques en leur genre sont hélas totalement oubliés aujourd’hui. Enfin notre regard est attiré par une plaque commémorative, elle célèbre le courage du Lieutenant Dease et du soldat Godley. Elle se trouve à proximité du pont de Nimy. Il s’agit là d’un fait historique important qui appartient autant à la mémoire collective des nimysiens qu’à celle des Anglais. En effet, la première Victoria Cross décernée par le gouvernement anglais pendant la Grande Guerre récompense la vaillance du soldat Godley,qui parvint à défendre seul le pont de Nimy face à l’ennemi allemand en surnombre; et ce, durant près de deux heures. Ce fait d’arme donna la possibilité à son bataillon de retraiter sans perte. Prenons aussi le temps de regarder chaque ouvrage, chacun raconte un fragment d’histoire qui relie Nimy à Mons...
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Jan is de Man specialises in depicting monumental libraries, which he paints in trompe-l'oeil on the façades of major cities. The location chosen for this fresco is symbolic, as it occupies a gable near the Place de Nimy on the axis of one of Mons' main entrances. The Bibliothèque de Nimy, as it is known, is impressive as much for the style and scale of the fresco, which takes over the entire surface of the wall, as for the riches it reveals. Indeed, the interest here lies not so much in the technical prowess as in the iconography that the artist has taken care to detail on each level of the fresco. Nothing is left to chance! The library is the most intimate and precious space we can have at home; it contains hidden treasures, often forgotten, buried in our memories. It also preserves accumulated knowledge and stories read and passed down from father to son... On the other hand, public libraries, like museums, preserve a shared history within them. This collective memory of Nimy is the primary subject of this fresco. This trompe-l'oeil on the urban scale, on the street side, brings back to life a history that is as intimate as it is forgotten; it belongs to the families of this town at the foot of Mons. The history of Nimy is ungrateful in more ways than one, because it is often too closely associated with the history of Mons.
Their histories often intersect and intertwine: that of the ramparts, the chapter of Sainte-Waudru, the passage of the Haine, industrialisation and the great battles. The village of Nimy is located on the road to Brussels, just a few hundred metres from one of the main entrances to the Cité du Doudou. The proximity of Nimy and Mons is such that the housing stock is continuous between the two communes. This geographical location means that Nimy will become a major motorway route, cutting the village in two. Yet this small village has had its hours of glory. The village, which is now mainly residential, was a major centre of the region's industrial life, with ironworks, steelworks, earthenware factories and... clay-pipe factories, a real local speciality that has long borne the names of Nihoul and Scouflaire, heroes of Nimysian craftsmanship. It all began with the creation of an earthenware factory in Nimy around 1789, close to the river Haine and its mills. Our regions were then under the domination of the Austrian Netherlands. During this period, the Nimy earthenware factory was even awarded the prestigious title of ‘Imperial and Royal Factory’ by Joseph II. In 1810, the factory employed around 250 workers. It remained in operation until 1950, when the buildings were demolished 4 years later.
Throughout its nearly two centuries of activity, the factory employed workers, most of whom belonged to old earthenware-making families, for in Nimy, earthenware was handed down from father to son. As well as household items, the factory also made figure-adorned torches and groups in ‘Belgique et Champêtre’ biscuit, as can be seen in this trompe-l'oeil. In this register, let's not forget the pipes with heads of women, old men or sometimes even erotic subjects. A veritable local economy developed around this theme, marked by a particular artistic style in the decoration of the ‘pipe heads’ that animated the town of Nimy until the beginning of the last century; these objects, absolutely unique in their kind, have unfortunately been completely forgotten today. Finally, our eyes are drawn to a commemorative plaque celebrating the courage of Lieutenant Dease and Private Godley. It is located near the Nimy bridge. This is an important historical fact that belongs as much to the collective memory of the Nimysians as to that of the English.
The first Victoria Cross awarded by the British government during the Great War was in recognition of the valour of Private Godley, who single-handedly defended the bridge at Nimy against the outnumbered German enemy for almost two hours. This feat of arms enabled his battalion to retreat without loss. We should also take the time to look at each structure, each of which tells a piece of the story that links Nimy to Mons...
Date created | 2020-09-03T22:00:00.000Z |
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Marker type | artwork |
City | Mons |
Country | Belgium |
What3Words | pretty.sensible.tomb |